Cet été j’ai eu la chance d’en apprendre un peu plus sur ce métier très ancien à l’occasion d’une formation « découverte » en famille. Comme de nombreux métiers qui touchent à l’artisanat, celui-ci m’intéresse particulièrement pour, d’une part, le côté créatif : trouver l’étoffe et/ ou le motif qui va mettre en valeur un meuble de qualité et pour, d’autre part, l’aspect écologique de cette activité : on répare un meuble ancien qui mérite d’avoir une nouvelle vie tout en le rendant encore plus beau !

En effet, le tapissier est un artisan d’intérieur qui embellit et garnit les meubles tels que les fauteuils d’époque auxquels il donne un nouvel éclat en les recouvrant de tissu ou de cuir. J’ai donc chiné une petite chauffeuse des années 50 avec une assise confortable mais un look épouvantable et j’ai sélectionné un motif de mon catalogue pour lui apporter un côté vintage moderne.

Ci-contre la chauffeuse chinée aux Puces du Canal à Lyon.

Ci-dessus des simulations avec mes motifs dans mon salon …

Etape 1 – Le dégarnissage.

A l’aide d’un pied de biche et d’un marteau, nous avons enlevé tous les clous semence du fauteuil ; Parfois ce sera des agrafes à enlever mais pour mon petit fauteuil qui avait déjà été tapissé deux fois auparavant sans être dégarni, nous avons trouvé une très grande quantité de clous semence.

Ceux-ci retirés, nous avons ensuite enlevé les sangles en jute pour vérifier l’état des ressorts dans l’assise. Ceux-ci étaient très anciens mais en bon état. Par précautions, nous les avons tout de même resserrés en retravaillant les cordes de guindage. C’est un savoir-faire très particulier avec une technique de nouage et de tension, tout comme le sanglage qui consiste à entrecroiser les sangles dans une forme de damier.

Une fois la toile blanche retirée, nous avons pu admirer l’ossature de belle facture de mon fauteuil et nous avons conservé ses poils (crin animal) qui apporte un bon moelleux au fauteuil.

Etape 2 – Restauration.

La chauffeuse a des pieds troués par endroit par des vers, nous avons donc appliqué sur l’ensemble du bois du fauteuil un traitement au xylophène. Puis, pour respecter le style napoléon du fauteuil, nous avons repeint les pieds en noir après les avoir poncé… Non sans peine ! Il est nécessaire d’avoir un spray pour une répartition uniforme de la peinture, faut-il encore que le spray fonctionne ! ;D

Ponçage

Peinture

Etape 3 – Garniture

Nous n’avons pas eu besoin d’ajouter du crin, ni de changer la toile forte en dessous, cependant il a fallu une couche de ouate, poser la toile blanche puis une nouvelle couche de ouate pour ne pas sentir les poils de crin sortir de l’assise !

Ouate

Toile blanche

Etape 4 – Couture

Il faut prendre les mesures du fauteuil pour découper le patron du tissu qui va le recouvrir. Le patron de l’assise et celui du dossier ont ensuite été cousus ensemble avant d’être posés sur le fauteuil.

J’ai choisi un motif que j’avais réalisé pour que mon fauteuil s’intègre tant au niveau du style que des couleurs dans mon salon. Toutefois, mon choix de velours n’était pas idéal pour l’ameublement, trop élastique et pas assez épais. Bien que le grammage sur le site Cottonbee était indiqué à 280g/m2 pour ce velours, son aspect n’était pas à la hauteur et il a été très difficile à manipuler lors de la pose. Je recommande donc un tissu plus épais comme la gabardine ou le panama, ou bien un velours autre que celui de Cottonbee !

Placement des boutons

Confection des boutons sur-mesure

Assemblage des patrons

Etape 5 – Couverture et finition – la réincarnation.

Le fauteuil se pare de son nouveau look grâce à son tissu moderne ajusté de quelques clous bombés, de boutons et d’un double passepoil élastique invisible pour le styliser davantage ! Je suis ravie du résultat, mon fauteuil est superbe ! Un grand merci à maître Bépi Pangrazzi pour m’avoir fait découvrir ce savoir-faire ancestral qui gagne à être davantage mis en lumière !

Mon article a simplifié les nombreuses étapes de réfection mais s’il y a deux choses que j’ai retenues c’est qu’il faut être très patient pour ce métier et que chaque détail compte pour un résultat optimal !

Plis

Après la pose du carton à englaiser, on forme les plis du haut du fauteuil vers le bas (pour ne pas que la poussière s’y mette …)

Boutons

Pour respecter le style de la chauffeuse qui avait initialement des boutons, nous avons crée des boutons avec le tissu et en avons intégré trois au fauteuil.

Passepoil

Pour styliser les finitions, il existe un passepoil en plastique qui permet de donner l’effet d’un passepoil du même tissu que le fauteuil!

Résultat du passepoil invisible

Effet WAOUH du passepoil, plus qu’à agrafer et retirer les houzeaux.

Fixation forte

Agrafeuse de compétition pour un rendu impeccable !

Clou perle ou bombé

Le clou du spectacle: un choix de clou bombé particulièrement seyant ! Mais attention très onéreux aussi (j’ai dû faire un prêt pour pouvoir en clouer quelques-uns…)

Et voilà !