Il ne vous aura peut-être pas échappé le fait que je suis passionée de motifs si vous jetez de temps en temps un œil à mon portfolio instagram ! Habitant Lyon, l’un des berceaux de l’industrie textile de Lyon, il m’a donc paru intéressant d’aller visiter la Maison des Canuts pour en savoir davantage sur l’histoire des soieries lyonnaises.

La Maison des Canuts se situe dans le quartier de la Croix Rousse, un quartier bohème parsemé de coffee shops, de boutiques tendances, de créateurs et où la plupart des immeubles ont la particularité d’avoir de grandes fenêtres, de hauts plafonds ; C’est en effet parce qu’ils servaient à abriter les métiers à tisser Jacquard qui étaient très imposants !

La visite du musée est libre puis guidée avec démonstration de tissage sur un métier à tisser Jacquard, suivie de la visite d’un atelier (atelier Matellon). Je recommande cette sortie mais pour ceux qui n’auront peut-être pas l’occasion d’y aller, voici en quelques points ce que j’en ai retenu :

Les chinois ont gardé le secret de la soie pendant plus de 3000 ans (jusqu’au 6eme siècle) ! Seuls les empereurs en portaient …Ce n’est qu’en 1850 que la sériciculture française atteint un très bon niveau et Lyon est alors un haut lieu de la soierie.
Un concept store qui met une tapisserie Morris&Co en avant j’adoooore !
Euh… là aussi je m’arrete pour regarder, la tarte poire choco m’a fait bugger …
Les plantations de muriers où l’on peut élever des vers à soie (dont le cocon de bombyx est constiué du fil de soie) se trouve principalement en Ardèche à cette époque. Il faut beaucoup de place pour la sériciculture. À la fin de leur croissance, au bout de 30 jours environ, les vers à soie pèsent jusqu’à 10 000 fois plus qu’à la naissance. Le cocon que le vers construit est fait d’un seul fil qui peut mesurer jusqu’à 1500 m dans le cas des cocons du bombyx du mûrier. Par comparaison, les autres fibres (de coton, de lin, de laine sont beaucoup plus courtes, en moyenne 3 cm pour le coton par exemple.
Le tissage d’étoffes façonnées, c’est-à-dire à motifs, apparaît en 1605 grâce à l’invention du métier à la tire par Dangon. D’autres systèmes sont inventés par la suite (Bouchon, Falcon, Vaucanson). Au début du 19eme, Jacquard met au point une nouvelle mécanique qui réunit toutes les précédentes pour faciliter le tissage à bras (manuel). Il s’agit d’un système de rotations de cartes perforées qui se fait par une marche actionnée par le tisseur. Ce fonctionnement binaire fait de cette invention l’ancêtre de l’ordinateur ! De nombreux tisseurs lyonnais adopte ce métier.
Les canuts, ouvriers tisserands de la soie à Lyon, étaient des freelances ! Leurs conditions de vies étaient plutôt difficiles, ils vivaient avec leur famille dans l’atelier où l’on aérait rarement pour ne pas abimer les étoffes. Aussi il n’était pas rare qu’ils mettent une perruche ou autre oiseau en cage dans l’atelier : non pas par amour des animaux ! lorsque l’oiseau mourrait c’est qu’il était temps d’aérer …
On parle d’étoffes unies ou façonnées. Le tissu est tissé sur un métier : lorsque les fils de chaines s’entrecroisent avec les fils de trame on crée une armure, celle-ci sera différente selon le croisement des fils. Il existe trois types de tissage : toile, sergé, satin. (Oui le satin n’est pas une matière mais bien un tissage !)
Quelques sortes de façonnés dont j’ai retenu le nom : le brocard est une étoffe de soie rehaussée de fil d’or ou d’argent. Le lampas est un tissu de soie rehaussé de dessins en relief (avec parfois aussi du fil d’or ou d’argent). Le damas est une étoffe de soie de couleur monochrome qui contraste avec une armure satin.

Brocard

Lampas

Damas

Ayant un petit faible pour les tissus vintage, j’ai été assez émerveillée par la fabrication en direct d’un lampas ; quand on pense qu’il faut en moyenne une journée pour tisser seulement 30cm, on se rend compte de la valeur d’un tel savoir-faire. Aujourd’hui, le tissage des motifs s’effectue désormais de manière semi-automatique, par conséquent ils sont réalisés plus rapidement et en plus grande quantité.

Cela m’amène à vous parler de l’impression numérique sur tissu puisque c’est la technique qui me permet d’imprimer directement les motifs que je dessine sur les tissus. Il y a deux techniques : l’impression digitale (le jet d’encre) et le transfert numérique (la sublimation) dont je parlerai plus en détails dans un prochain article. Vous l’aurez compris, l’impression textile permet de réaliser les motifs directement sur l’étoffe déjà tissée, ils sont reportés sur le textile par application locale des couleurs en surface. Tandis que pour un jacquard, le motif se forme à partir des fils déjà colorés qui vont être assemblés et entrecroisés (les armures) forment les motifs. Le bel avantage je trouve d’un tissu Jacquard c’est qu’il est souvent réversible, et c’est là toute la beauté du tissage !

Retrouvez toutes mes créations de motifs sur mon compte instagram, certains sont en vente sur Spoonflower et Redbubble