À propos de l’orthopédagogie …

Les difficultés d’apprentissages des enfants et des adolescents sont souvent la cause d’un décrochage scolaire alors que cette situation pourrait être évitée. Témoignage d’Aurélie Balan, enseignante à Paris qui s’est récemment formée au métier d’orthopédagogue, une spécialisation encore méconnue en France.

 

  • Peux-tu te présenter ?

Je suis Aurélie Balan, 33 ans, maman d’une petite fille de 6 ans ½, Emma.

  • Quel est ton parcours professionnel ?

J’ai commencé ma carrière à l’école Georges Gusdorf dans le 15ème arrondissement, j’ai enseigné à tous les niveaux du primaire de la GS au CM2 avec des classes uniques ou des multi niveaux. Je suis ensuite partie enseigner ailleurs.

  • Qu’est-ce qui t’a poussé à te spécialiser en orthopédagogie ?

Dorothée Muraro (orthopédagogue, présidente de l’Institut français d’orthopédagogie )a été mandatée pour nous suivre à l’école Georges Gusdorf afin d’améliorer notre pratique. Nous avons beaucoup échangé et cette discipline m’a semblée proche de ce que je souhaitais pour mes élèves donc je me suis renseignée et j’ai postulé pour entrer à l’UOF (l’Union des Orthopédagogues de France).

  • De quels soutiens as-tu bénéficié pour te lancer dans ce projet ?

Je me suis soutenue toute seule, malheureusement, c’est une spécificité qui n’est pas prise en charge donc aucune aide financière dont j’aurais eu bien besoin pourtant car c’est une formation très couteuse

  • Comment s’est déroulée ta formation ?

Je me suis rendue à chaque vacances scolaires à Lyon pour suivre des formations en neuropsy, développement, lecture de bilans, gestion mentale… A chaque fin de session nous avions un devoir à rendre qui était validé pour notre tutrice. A la fin de la formation d’un an, nous devons faire 3 spécialisations et présenter un mémoire pour validation de notre parcours.

  • Ressens-tu les bénéfices de cette formation dans ton activité d’enseignante ?

Oh que oui, j’ai appris encore plus sur le fonctionnement du cerveau et les mécanismes de l’apprentissage plus particulièrement. C’est très riche et tous les enseignants devraient avoir une formation complémentaire pour mieux appréhender la classe et les particularités des enfants.

  • Tu as également écrit un livre jeunesse intitulé « M.A.U.X. » il y a peu de temps, peux-tu m’en dire plus ?

MAUX est apparu comme une évidence à un moment de ma vie ou beaucoup de choses changeaient. J’avais envie d’écrire pour les enfants sur les enfants, c’est chose faite et j’espère avoir la chance d’en écrire d’autre.

  • Quel serait ton projet si tu n’étais pas enseignante ?

Ouvrir une librairie spécialisée en littérature de jeunesse, une autre de mes passions 😉

  • Pour revenir à l’orthopédagogie, peux-tu me dire quels sont les motifs d’une consultation ?

Les parents viennent nous voir quand les enfants rencontrent des difficultés persistantes en termes d’apprentissages. Il peut également il y avoir un trouble. L’enfant ou le jeune en souffrance a besoin d’une vue d’ensemble sur sa façon d’acquérir les nouvelles notions et d’ancrer les précédentes durablement… Grâce à l’anamnèse (récit des antécédents médicaux et/ou l’historique de la plainte du patient, ainsi que les résultats des différentes explorations déjà faites et les traitements entrepris), grâce aux différents tests et au travail sur les fonctions exécutives, nous parvenons à cibler la mise en œuvre nécessaire afin que ce dernier se sente acteur de ses apprentissages en apprenant à mieux se connaitre.

  • En quoi consiste l’orthopédagogie ?

En ça ! haha ! l’orthopédagogue est un pédagogue spécialisé qui va évaluer, intervenir et remédier.

  • Est-ce que l’orthopédagogie s’adresse aussi aux adultes ?

Oui absolument, elle s’adresse à toutes personnes en situation d’apprentissages. Cela peut être un adulte en reconversion professionnelle, en préparation d’examens, pour favoriser le travail de groupe dans une entreprise…

  • Avec quelles autres spécialistes l’orthopédagogue est-il amené à travailler ?

Il travaille avec tous les professionnels de l’éducation et de la santé mais surtout et avant tout avec la famille de l’élève.

  • Pourquoi l’orthopédagogie est-elle encore trop méconnue en France ?

C’est le début ici, effectivement, alors que dans d’autres pays les orthopédagogues sont très bien intégrés comme au Canada. Mais nous sommes tous très motivés pour apporter le meilleur aux enfants, la méconnaissance ne va pas durer !

  • Quel constat as-tu fait pour te dire que ce métier avait du sens ?

Tous les sourires des enfants que je suis quand ils se rendent comptent qu’ils peuvent tout simplement. Qu’apprendre a du sens, qu’ils ont des capacités, qu’ils dessinent des cartes mentales seuls ou des sketchnotes…que les notes remontent avec la confiance en soi 😉

  • As-tu des conseils à donner aux parents pour que leurs enfants reprennent confiance en eux ?

Prendre le temps de comprendre le cheminement de la pensée de son enfant même si ce n’est pas évident, essayer d’identifier les + et les -, trouver des solutions ensemble…dialoguer avec son enfant, ne surtout pas couper la communication ! Faire appel aux professionnels si possible pour un petit coup de pouce.

  • Utilises-tu un mantra pour rassurer ou encourager tes élèves ?

« Comprendre le fonctionnement du cerveau rend plus libre »

 

Merci Aurélie!